Pauline, elle a failli nous échapper : un mauvais coup de filet, un début de projet avorté. Mais quand on l'a croisée à nouveau, avec son stand Paula, elle a mordu à l'hameçon, et avec elle tout son univers marin illustré. Du dessin au textile, Pauline fait partie de l'espèce des multi talents. Ici, vous découvrirez ses dessins, qui se transforment en motifs, pour se répéter à l'infini, et ainsi se rapprocher de sa passion pour les tissus. Ne vous méprenez pas, l'illustration est d'ailleurs loin d'être son occupation principale.
J’ai toujours été fascinée par la science, par la botanique, l’entomologie (étude des insectes), le monde animal. Ce sont des domaines de réflexion et d’imagination inépuisables.
Tu fais de l'illustration, comment tu travailles ?
J’aime mêler concept, recherche graphique, documentation. J’ai toujours été fascinée par la science, par la botanique, l’entomologie (étude des insectes), le monde animal. Ce sont des domaines de réflexion et d’imagination inépuisables. J’ai été inspirée par les cabinets de curiosité, notamment celui d’Albertus Seba, par les illustrations scientifiques du XIXème siècle. J’aime mêler un côté réaliste et un côté imaginaire, glisser des bizarreries et des curiosités qui ne sont pas scientifiques dans mes dessins.
Qu'est-ce qui t'as donné envie d’illustrer ce projet?
J’avais rencontré Kevin il y a un moment, on avait déjà eu envie de faire une collaboration. Quand il m’a montré les photos de Thomas Marchal, j’ai eu un coup de coeur pour l’ambiance à la fois inquiétante et touchante de ce monstre en plastique qui a donné lieux à un bel évènement.
Le thème autour des abysses, des fonds marins et plus en général du monde vivant est une thématique qui me passionne. C’est un monde encore méconnu et fascinant, où les bêtes qui y vivent paraissent tout droit sorties d’un film de science-fiction.
On a développé le concept de « fast fashion » une consommation aliénée, on produit plus que ce que l’on consomme...
Tu fais aussi du textile ? Parle-nous de Paula.
À la base, je suis designer textile et styliste. J’ai travaillé quelques temps au sein de petites marques, dans le milieu du prêt-à-porter, pour la création de motifs pour les imprimés et les broderies. Je suis passionnée par le textile, ses matériaux et techniques.
Aujourd’hui, l’industrie du textile souffre. C’est la troisième industrie la plus polluante dans le monde, que ce soit au niveau de la culture des fibres (coton OGM, utilisation de quantités astronomiques d’eau), des procédés de fabrication du tissu (en Inde les usines de teintures déversent leurs déchets dans les rivières qui créent des contaminations des eaux et des problèmes de santé chez les habitants), ou de la confection (main d’oeuvre sous payée, conditions de travail extrêmes).
On a développé le concept de « fast fashion » une consommation aliénée, on produit plus que ce que l’on consomme, on crée le besoin par la tendance, on doit donc produire toujours plus et toujours au moindre coût. Mais les conséquences humaines et économiques se retrouvent chez nous aussi, les usines ont fermées les unes après les autres à cause de la délocalisation de la production en Asie et au Maghreb.
Paula, c’est une alternative pour s’habiller durable et zéro déchet : une sélection de vêtements de seconde main au goût du jour et en excellent état. Et des créations uniques cousues à partir de matériaux récupérés ou labellisés. Les pièces sont uniques ou en série très limitées. C’est une nouvelle façon de penser et de consommer la mode de manière éco-responsable qui combine style et éthique. Je vends par l’intermédiaire de boutiques de créateurs ou concept stores, et également sur ma boutique en ligne, c’est primordial d’avoir un circuit de distribution local et court.
Parle nous de ton idée de projet avec des skateurs ?
J’aimerai bien faire une collaboration avec des skateuses (pour l’instant je ne propose qu’une ligne pour les femmes, les garçons, il va falloir attendre !).
Paula c’est aussi un projet qui interroge sur la vision de la féminité. Chacun a une vision différente de son rapport à soi-même, de son corps. Certaines personnes sont très à l’aise avec leur corps, d’autres pas du tout. Quels sont les complexes des femmes ? Est-ce qu’il est facile d’en parler ? Est ce que cela représente une difficulté d’en parler aux autres, par rapport aux pressions de la publicité et des images des corps parfaits ?
La femme a toujours été contrainte de répondre à des normes esthétiques imposées par la société. Historiquement, par l’obligation du port de corsets, de robes.
C’est grâce au sport, et plus particulièrement grâce à l’apparition du vélo, que les femmes ont commencé à se libérer. Les hommes étaient affolés que les femmes puissent faire du vélo, une rumeur courait que la bicyclette porterait atteinte à l’appareil reproducteur de la femme, et que celle-ci allait déserter le lit conjugal pour aller jouir (à vélo!). La pratique du vélo était considérée comme antiféminine, antichrétienne et impudique. Mais ça a été un outil de libération pour elles. Elles se sont également libérées sur le plan vestimentaire, pour être à l'aise elles ont raccourcit leurs jupes et ont mis des culottes bouffantes pour éviter que le tissu ne se prenne dans les roues.
C’est grâce au sport, et plus particulièrement grâce à l’apparition du vélo, que les femmes ont commencé à se libérer.
Aujourd’hui, à l’instar du vélo le skate à ce pouvoir libérateur. Dans le milieu du skate, on s’identifie grâce aux marques, aux sponsorisations. Est-ce un choix ou à défaut un moyen de s’inscrire dans un milieu par le biais de l’image des marques ? Est-ce que pour faire du skate on choisit ses fringues pour le côté pratique, résistant, ou pour le style ? Comment les skateuses, peu nombreuses dans ce milieu masculin trouvent leur place ? Les skateuses sont plutôt girly ou plutôt garçon manqué ?
On ne vous mentira pas, avec Pauline on a un nouveau projet en gestation. Donc si tu es rideuse, et que ce que Pauline vient de nous raconter résonne un tant soit peu pour toi, et bien, on recrute !