Avec Charly et Kévin (le créateur du projet), c'est un chouette jeu d'échange : un jour Charly joue comme acteur dans le film de Kévin, et le lendemain c'est l'acteur qui dirige le réalisateur. Il y a donc cette relation de confiance qui ne peut se créer qu'avec le temps. Charly a accompagné le projet au niveau de la mise en scène, et a amené son approche bien à lui pour travailler le skate et la performance, idées qui avaient germées bien avant la résidence. Bien qu'il se soit fait très discret à la fin de la présentation, regardez les programmes de théâtre, car sa vraie place, c'est sur la scène!
Les skateurs ont joué le jeu, ils sont devenus performeurs et je crois qu'ils ont surpris.
C'était comment de travailler avec des skateurs ?
Avec l'approche du théâtre physique et de mouvement - liée à mon parcours - c'était parfait d'avoir des skateurs comme acteurs. Ils proposent, le plus souvent sans le vouloir, une matière spectaculaire proche de l’acrobatie ou encore de la danse. On pourrait y voir une certaine similitude avec les disciplines circassiennes : du sport, de la technique, du mouvement, du risque et beaucoup de liberté.
C'était donc passionnant de pouvoir, ensemble, découvrir et de tenter de révéler comme une sorte de langage possible à partir du skate. Les skateurs ont joué le jeu, ils sont devenus performeurs et je crois qu'ils ont surpris.
J'avais peur de me faire faucher par un skateur en allant saluer sur les modules
Qu’est-ce que tu gardes comme souvenir de la résidence?
Le travail en équipe dans une démarche de création - où chacun à sa place de proposer et d'expérimenter - est super précieux, et on l'a eu sur ces quelques jours de résidence. Les échanges entre skateurs, musiciens, danseuse, créateurs lumière... ont créé une dynamique collective au service de la création, ça a plutôt bien fonctionné en si peu de temps.
Pourquoi avoir préféré rester dans l’ombre après le spectacle?
J'avais peur de me faire faucher par un skateur en allant saluer sur les modules. Un skateur dès qu'il a sa planche est quand même un peu sur-actif (ça doit se gérer aussi ça...). Plus sérieusement, je suis juste resté à ma place hors du plateau. Je voulais aussi vivre l'expérience du côté du spectateur jusqu'à la toute fin. Et puis on se garde les saluts avec le metteur en scène pour la grande première, ici on en était à une présentation publique d'une étape de création, une sortie de résidence en vue de quelque chose de plus abouti qui viendra plus tard.
C'est quoi ton approche ? Comment tu travailles ?
J'ai beaucoup écouté Kevin, comme initiateur du projet, pour comprendre sa nécessité à parler d'un tel sujet (la "plastification" des fonds marins) et pour donner du sens à ce désir de rencontre skate-théâtre pour aborder ce thème. C'est le travail de l'image qui allait révéler le sens de tout ça, et le discours allait venir du plateau. Nous avons donc travaillé à base d’improvisations pour ensuite écrire, organiser et donner de la maitrise à ce que nous avons créé de manière organique.
Dans la composition des images - puisqu'il s'agit d'un projet très visuel - nous avons beaucoup travaillé le chœur, pour trouver un endroit de rencontre avec parfois des mouvements proches de la chorégraphie, où l'unité était plus forte que tout. Je me suis alors aperçu que même si le skate peut-être collectif dans sa démarche, en pratique ça l'est beaucoup moins. Le skateur est seul avec sa planche. Nous avons poussé les figures à 2, à 3, imaginé les tricks avec une danseuse comme faisant partie d'un tout et loin de la seule démonstration.
Ton prochain projet perso ?
Dans un tout autre genre, je tourne actuellement avec un seul en scène qui parle de notre rapport au pouvoir et qui j'espère donne envie d'aimer encore plus la liberté. C'est d'après "Discours de la servitude volontaire" un texte du philosophe Étienne de la Boétie avec lequel je m'amuse sur scène. Le spectacle s'appelle "Le Contr'un".