Outre ses activités chez Radio Panik, vous rencontrerez sans doute Arthur en train de bidouiller de drôles d'instruments électroniques, fait de brics et de brocs. Et c'est d'ailleurs comme ça qu'il crée sa musique, il assemble des sons, les transforme, et cherche constamment le point G entre technique et créativité. Un processus fascinant, en constante évolution, et à découvrir absolument.
Je m'occupais d'amplifier les sons générés par les skateurs qui passaient sur le module, en les amplifiant et en y appliquant un traitement sonore
C'était quoi ton rôle dans le projet ?
Je faisais partie de l'équipe musique-sons. Pendant que Toma et Hugo produisaient des sonorités musicales, que Géronimo (sur la 1ère version à la Fête des Ursulines) jouait de la voix, je m'occupais d'amplifier les sons générés par les skateurs qui passaient sur le module, en les amplifiant et en y appliquant un traitement sonore.
Je travaille avec des systèmes d'exploitation et des logiciels libres de droit, c'est important pour moi: la créativité existe grâce à ces fondements de liberté.
C'est quoi ton approche en musique?
Généralement, j'aime bien l'idée que, pour chaque projet, j'explore un aspect où il y a des inconnus pour moi. De plus, j'aime bien quand un projet génère une identité à soi, un univers dans lequel on peut y plonger et y apporter sa touche. Avec Abyssal Fish Ramp, toutes ces conditions étaient réunies.
Depuis quelques temps, je m'intéresse aux micros piezo, aussi appelés micros contact, des micros qui captent la vibration d'un matériau (et non la vibration de l'air). Ça permet d'avoir un son plus "profond", plus "brut", j'appelle cela le "son du dedans". Là, l'idée consistait à poser les micros contacts à différents endroits de la structure (la rampe-queue et la rampe-poisson). Ensuite, il fallait transformer le son des skateurs en y appliquant différents effets. J'ai utilisé le logiciel Rakarrack [rakarrack.sourceforge/]. Au départ, c'est un logiciel dédié aux effets pour guitares, mais au final, chacun est libre de décider quels sons on veut transformer. C'est un logiciel "libre", c'est-à-dire open-source, tout dévelopeur peut mettre la main dans le code du programme et le modifier. Je travaille quasi exclusivement avec des systèmes d'exploitation et des logiciels libres de droit, c'est important pour moi: la créativité existe grâce à ces fondements de liberté.
Enfin, il fallait ouvrir les micros au bon moment, au passage des skateurs. Durant la première performance, j'avais aussi mis un micros (capteur de champs électromagnétiques) pour jouer avec la lumière, en y appliquant aussi des effets. Je n'avais jamais travaillé avec des micros-contacts posés sur une structure aussi grande, dépendantes des personnes (les skateurs) qui passent dessus.
C'était comment de travailler avec des skateurs ?
Je ne connaissais pas bien le milieu du skate, n'étant pas skateur. J'ai découvert toute une culture, un vocabulaire, des figures, et un bon état d'esprit. J'ai surtout réalisé que ce milieu pouvait se croiser avec d'autres displicines artistiques. Mon travail sonore demandait qu'il y ait des skateurs qui roulent pour que je teste les micros et les effets. Pas toujours évident de les faire skater pendant plusieurs dizaines de minutes non stop héhé.
Une chouette rencontre que tu as faites ?
Plus qu'une rencontre avec une personne, je dirais une rencontre de disciplines. Le skate, les lumières, les sons, la danse, le théâtre, et toutes ces disciplines tournées vers un même projet. Il y avait beaucoup d'ambition dans la résidence menant à la 2ème performance. C'était un défi de trouver le lieu pour plusieurs jours de création, réunir toutes les personnes, gérer les créneaux pour que tout le monde puisse s'installer et travailler, et avancer dans la création artistique. Ça n'a pas été évident, mais le résultat avec l'étape de travail présenté au public a démontré, pour moi, la pertinence de poursuivre le projet plus loin. Bravo au noyau dur d'organisateurs qui a rendu cela possible!
Ton prochain projet perso ?
En septembre, avec un ami, on va présenter une performance sonore avec 2 vélos. Et puis, durant l'automne, avec deux artistes sonores et cinq enfants des Marolles, on devrait débuter la réalisation d'un album composé de morceaux réalisés avec des instruments qu'on a fabriqués ensemble, à partir de matériaux récyclés.